Que calor !


 

Et hop, 12 septembre 14 heures, déposée par mes parents avec mon vélo vert à la gare de Bellegarde, je saute dans le train. Escale sympathique et conviviale à Valence chez mes amis Bruno et Marianne au vélo gîte et départ le 13 au matin pour Sète où j’arrive à l’heure et sous la flotte. À noter que les 4 trains successifs ont été ponctuels, oui oui.

Sète donc, j’y retrouve Jipé et Marie. Attente à la gare à l’abri de la flotte qui tombe drue et serrée. À l'heure d’aller au port, ça s’arrête, c’est sûrement qu’on mérite. Jipé est descendu de Paris en train de nuit, Marie a pédalé de Grenoble en 4 jours. Nous sommes les premiers à embarquer. Le ferry est aux ¾ vide, nous larguons les amarres à 20 heures, direction l’Afrique. Petite cabine de 4, nuit tranquille, la mer est d’huile, comme la journée du lendemain, comme la nuit suivante… 

 

Nous débarquons à Nador lundi 11 heures, donc bien en avance sur l’horaire prévu. Passage à la machine qui donne de l’argent, passage à Maroc telecom où tout va très vite, vers 13 heures nous sommes opérationnels et enfourchons les bécanes. Nous longeons le triple barbelé enroulé au pied de la barrière elle-même en barbelé, elle même gardée par des bidasses tous les 100 m. La barrière de quoi ? Mellilah, enclave espagnole. À 5 mètres sur notre droite c’est l’Europe, et donc une zone quelque peu stratégique. Une espèce de petite corne qui rentre en Méditerranée.

Les raidillons bien pesés se succèdent mais nous atteignons l’autre côté de la corne, et la mer. Premier tronçon de piste, mauvais, qui secoue la mécanique. Nous posons notre bivouac dans un champ d’oliviers et chance, nous ne voyons personne.

 

Le lendemain nous commençons par longer la grande Bleue sur un macadam velours et le vent dans le dos. Légers vallonnements agréables avant de rentrer dans les terres, de pousser le vélo sous le cagnard dans des pentes déraisonnables. Et je ne me souviens déjà plus de la suite ni du bivouac… ah si, en sortie de ville. Des habitants viendront nous offrir thé, cacahuètes et biscuits en soirée. Continuant notre route plein sud, après un premier col passé dans une cascade de nuages, nous dévalons vers Tafersite où Marie renvoie 4,5 kg de matos inutile en France. Courses à Midar où le soleil cogne trop fort, Jipe n'est pas au mieux, un bon rhume. Après la bascule en haut d’un col dont nous avons gravi la pente trop raide en partie à pied, nous pénétrons dans un secteur désertique. Piste roulante, cagnard infâme. Assommés de chaleur, nous trouvons refuge chez l’habitant qui ouvre et nous met à dispo la pièce de réception. Tables basses, coussins, tapis, et bien évidemment victuailles. Le soir nous assistons à la cuisson du pain à l'extérieur et je plante ma tente dans la fraîcheur relative de la nuit.

 

Aint Zorha - Mezguitem. J’ai reconnu le café où nous avions pris un thé, le village, la rampe à l’entrée et la bonne bosse pour monter au col à 1150 m, où j’attends longtemps mes coéquipiers. Arrêt, adossés au mur de la même mosquée que l’an dernier et même plaisir dans la descente qui suit. La succession de bosses infernales avant Mezguitem est toujours aussi éreintante. Jusque là nous avons profité d’un vent favorable mais il a tourné. Nous avons maintenant vent de sud et il est chaud. Nous trouvons là aussi l’hospitalité et même topo que la veille chez une famille toutefois plus riche, elle possède une Sandero en bon état. Comme la veille, ils refusent avec vigueur l’argent que nous proposons. Partir en proposant un dédommagement nous donne bonne consciences mais nous sommes tellement ridicules à leurs yeux… limite affront ! Là aussi j’ai préféré monter ma tente dehors qu’entre 4 murs qui restituent la chaleur accumulée la journée. 

 

Les 40 km nous séparant de la grande ville de Taza furent facilement avalés, faciles, vent en poupe et macadam velours. Arrêt chez un réparateur vélo pour remplacer les pédales du vélo de Marie, qui donnent des signes de fatigue. Petite visite de la médina, plus vieille que celle de Fès, et attente des heures moins chaudes pour sortir de la ville. Le bivouac est à 7 km et nous atterrissons devant la grille d’une centrale hydroélectrique. Le gardien nous autorise mais bien sûr, le “caïd”, représentant de l’autorité locale, nous rend visite, me passe un gendarme royal au téléphone, qui dans un français parfait nous autorise à rester après m’avoir avoué être venu faire de la spéléo dans le Jura. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’à 22 h 33, le caïd allait venir installer son hamac à côté de nous et qu’un camion avec 2 bidasses serait également réquisitionné pour garder, on ne sait, nous ou la centrale…

 

Montée agréable le lendemain dans le parc national de Tazekka, je ne suis pas en terre inconnue, je reconnais le paysage magnifique et la grosse fontaine en bord de route. Je m’abstiens cette fois-ci d’acheter du raisin qui me fait pourtant de l’oeil, car me souviens l’avoir payé à prix très fort l’an dernier… Je décide ce jour de fausser compagnie à mes compagnons car nos rythmes sont vraiment trop différents mais nous nous retrouvons tout de même le soir pour un bivouac sous la pinède 15 km avant Ribate el Kheir. 

Coup de vent, bonnes bourrasques, très beaux éclairs, quelques gouttes, et vers 23 heures, bim, ça devait arriver tant nous ne sommes pas discrets à 3, bruit de bagnole, phares sur la tente. Je sais ce que ça signifie. Comme d’habitude les gendarmes sont souriants et sympathiques mais nous devons remballer. Un camion vient de la ville pour charger tout notre barda et nous pose devant la porte d’un hôtel impersonnel mais très spacieux, propre et calme, où une chambre gratuite nous attend. Minuit trente… 

 

Il est décidé une journée de repos par mes coéquipiers, je suis le mouvement. Petit déjeuner et balade dans la mini bourgade, courses pour le lendemain, et repos…

 

Des photos dans la rubrique concernée, album Maroc 2025… comme d’hab ! À une prochaine, un peu plus au sud-ouest !