Dans les starting-blocks

 


 

Salut salut,

Je vis depuis quelques jours une accélération subite du temps, comme si j'avais peur tout à coup de ne pouvoir faire rentrer dans les heures qu'il me reste tout ce que je dois y faire tenir. Je griffonne, rature, barre et réécris, détaille et précise des items sur une "to-do" liste qui au final ne désemplit guère au fil des jours qui, eux, me filent entre les doigts. Je connais tour à tour effervescences et préoccupations, euphories et doutes. L'ascenseur émotionnel fonctionne, c'est déjà ça ! Je surveille la météo à 8-10 jours avec une attention accrue. L'automne est passé, très doux, très long mais l'hiver qui ne s'est jamais vraiment installé va t-il se terminer ou au contraire faire un retour juste pour m'enquiquiner au moment où j'aimerais que les routes soient sèches ?

Du matériel "outdoor" commence à sortir des caisses de stockage et descendre des étagères pour se retrouver gisant sur le linoleum du "grenier", il ira bientôt prendre place dans des sacoches que j'accrocherai sur mon vélo.

 

Depuis la Dole

 

Eh oui, le départ est proche. Le matériel de vélo est-il en ordre, le matériel de rando est-il ok ? Ai-je réglé tout ce qu'il est possible au niveau administratif ? Et cette neige annoncée dans les jours qui viennent tombera t-elle vraiment ? Le froid prévu ensuite la laissera t-elle fondre, au moins sur la route ? Dois-je partir à ski ?

L'île de beauté. C'est comme ça qu'on l'appelle paraît-il. Je n'y ai jamais mis les pieds mais cela fait quelques années que j'y pense, c'est une lacune probablement, à laquelle il serait bon de remédier. J'ai trois mois, pas un jour de plus, entre deux examens médicaux, et deux périodes de boulot aussi. Trois mois pour descendre à vélo à Toulon prendre le bateau, puis sillonner la Corse à pied et à vélo avant de rentrer dans le Jura pour le 30 juin. Avril, mai, juin pour une découverte partielle de ce bout de rocher dans la Grande Bleue.

J'ai l'intention donc de mêler la marche et le pédalage. Ma bicyclette verte, dont j'ai modifié le cockpit, me servira de moyen de locomotion pour rallier des endroits d'où je partirai marcher pour deux heures, deux jours, deux semaines. Il faudra donc que je laisse ma monture et pour ce, je suis toujours à la recherche de contacts, d'amis d'amis, de cousins de la tante du frère de..., notamment à Bastia, Marina de Pietracorbora, Marinade Meria, Macinaggio, Saint Florent, Olmi Capella, Ota, Marchese, Cargèse, Boca d'Arbia. Pour le reste ça devrait jouer ! N'hésitez pas si vous avez des connaissances sur l'île à m'en faire part...

Que dire de plus ? Ca fait un moment que je me disais... Trois mois ne seront assurément pas de trop, mais si le printemps ne suffit pas, après l'été viendra l'automne !

 

 

Autre nouvelle : j'ai passé des dizaines d'heures cet hiver, suite à une mise à jour majeure de Joomla, à reprendre mon site. S'il n'a pas changé fondamentalement de tête et de contenu, il est désormais "responsive", c'est à dire qu'il s'adapte au format d'un smartphone, d'une tablette, d'un ordinateur... Des liens permettent facilement depuis les articles d'aller directement dans la galerie photos correspondante ou sur d'autres articles, en plus du menu. Bref, il y a eu un peu de boulot. Je continuerai évidemment à y donner des nouvelles de temps à autres, n'hésitez pas à y aller faire un tour et à vous abonner si vous souhaitez être au courant des mises à jour.

Rien d'extraordinaire, la Corse ! Ben si, la Corse, pour moi, est une destination exotique. Carrément. Et je suis enchantée rien qu'à l'idée d'aller y poncer du caillou avec des vues époustouflantes sur la Grande Bleue, à la quête de baignoires naturelles et de villages perchés, de rencontres sympathiques autres qu'avec des cochons noirs ! Mon chemin pour Toulon passera dans les grandes lignes par Bellegarde-en-Valserine, Seyssel, Aix les Bains, Chambéry, Grenoble, Sisteron, Manosque et Saint Maximin de Sainte Baume, si toutefois vous êtes sur cet axe...

Voilà, à bientôt sur les routes et les chemins ! Portez-vous bien !

 

  Les photos de cet article ont été prises par Stéphane Surga

 

Aller prendre le bateau à vélo

 


 

Il faisait un vrai temps de chiotte quand j'ai pris la route ce 2 avril. Et encore, je suis polie. Neige translucide ou pluie blanche, bref, ce truc entre les deux qui te fait dire à la fois qu'il ne fait pas chaud ( le jurassien est le roi de la litote), et que tu vas être trempé. Je suis partie avec le pantalon de pluie sur le collant, la veste de pluie sur la polaire, la capuche sur la casquette (pour abriter mes lunettes autant que faire se peut), et des surchausses sur les chaussures ben tiens ! À la sortie du village j'ai fait un premier arrêt sous un avant toit pour régler ma selle et ôter ma polaire. J'y vais mollo, j'ai 0 km dans les jambes, si ce n'est pas moins encore. Aujourd'hui je vais à Genève, 60 bornes, et je croise juste les doigts (tant qu'ils peuvent bouger) pour qu'il n'y ait pas de neige au col de la Givrine. Finalement c'est passé crème. Crème glacée et bien arrosée, mais crème quand même. La descente sous des trombes d'eau me permet de tester l'étanchéité de ma veste, mon futal, mes surgants. J'arrive en bas, à Crassier un peu humide… de transpiration. Et la flotte se calme et j'ai gagné 5 degrés dans la descente. Ça se sent. Je retrouve Marieke, ma pote de Genève, à la gare de Versoix, et nous terminons ensemble. Cool. 

 

Tunnel du ChatLe lendemain, 3 avril donc, départ à 9 h dans les rues grises d'un petit matin à la fois frais et nuageux. Je reviens en France et passe le Mont Sion pour basculer sur Frangy. Les sommets jurassiens ont bien reblanchi. À Frangy, je fais un arrêt à la poste pour activer le transfert de courrier que j'ai acheté de manière dématérialisée. Sauf qu'il faut donc passer dans un bureau de poste pour l'activer, et le préposé sérieux me demande 2 signatures et sort 6 pages imprimées, même pas recto verso. La poste n'a pas encore pigé que "dématérialisé" devrait signifier sans papier. Ou alors c'est moi qui ai rien compris. Bon, je suis arrivée à Seyssel affamée, alors j'ai mangé dans la jolie petite bourgade sur la berge du Rhône. Le soleil est là, pas très chaud, tip top. Et depuis Culoz, j'ai pris les routes de campagne et les chemins de champ pour aller chez mes hôtes à Billieme. C'était bien, rudement bien même !

 

Tunnel du ChatLe 4 avril, mardi donc, j'ai reçu un mail de la poste pour me dire que mon contrat de transfert de courrier a été activé. Ouf ! J'ai rejoint le Bourget du lac par la galerie vélo qui passe sous le col du Chat. C'était bien, il y a plein de peintures à regarder sur les 1,5 km de boyau éclairé. C'est top. Je suis sortie du trou avec la vue sur le lac. Ensuite, ça a été monotone. Temps bas, ciel gris, température trop basse, et vent froid, heureusement qui me pousse. J'ai suivi longtemps l'itinéraire tape-cul de la V63. C'est une vélo route qui relie Chambéry à Grenoble. J'ai fini par reprendre la route, dotée d'un accotement cyclo, par pitié pour mon postérieur. Et je suis arrivée à Grenoble bien trop tôt alors j'ai visité le centre. J'ai regardé passer les tramways. Le soleil est enfin arrivé, généreux, je me suis posée sur un banc avec de l'eau et ai écrit quelques lignes et fait mes étirements avant d'aller chez ma pote à Echirolles. Bonne soirée encore. 

 

VercorsEt le mercredi 5 avril au réveil, il ne fait toujours que quelques degrés au thermomètre, un ou deux, mais le ciel est tout bleu. Le Vercors tout blanc d'un côté, Belledonne toute blanche de l'autre. Magnifique. Il a reneigé bien bas, jusque par terre ! J'appréhende cette étape où il me faut passer le col de La Croix Haute à 65 km. Gros dénivelé. J'y vais mollo, surtout quand ça monte. Mes jambes vont bien après les premières étapes et je m'estime bien heureuse. L'objectif est de faire que ça continue. Donc je mouline et prends le temps. Je passe au niveau du grand pont du train en tournant la tête à droite. Je sais que de là je peux voir le Mont Aiguille. Aujourd'hui il fume. Des volutes de neige que le vent du nord lui arrache tourbillonnent autour de son sommet. Qu'est ce que ce Vercors est beau, cette muraille Est m'a toujours impressionnée. Je revis pendant un long moment, dans ma tête, le temps que j'ai passé à sillonner ce massif en 2020 lors de ma grande cavale dans les Alpes françaises. Arrêt à la boulangerie 7 km avant le col pour remplir mon bidon et dernière ligne droite. Voilà, à 14 h 45, je bascule au sud. Parce que la Croix Haute marque une limite climatique il devrait faire plus chaud à partir d'ici. Sauf qu'aujourd'hui, c'est pas le cas, je descends longtemps le long du Buesch avec le vent qui pousse et pose ma tente entre Aspres et Aspremont. À 20 heures je suis en PPP ( position parallèle au plancher). J'ai tué 97 km, Toulon se rapproche.

 

Le matin du jeudi 6 avril est tout aussi froid que les autres. -2°C. J'attends que le soleil donne un peu sur la tente pour sortir du duvet et prends la route à 9 h. Au pays des tuiles canal et des clochers en ferraille, je taille vers le sud. Sisteron, les Mées, Venon sur Verdon. Le beau temps est là mais je ne quitte pas le collant pour autant, le fond de l'air est frais, laïo, laïo. Je quitte la circulation dès les premiers virages après Venon, m'enfile dans un petit chemin qui n'a pas l'air fréquenté et m'installe 100 mètres plus loin. L'endroit n'est pas joli mais je devrais être tranquille. Je ne suis plus qu'à une centaine de kilomètres de Toulon, préviens ma conscrite que je débarque demain. Le frais me fait rentrer dans la tente dès que le soleil se fait la malle. 

 

Vendredi 7 avril. Encore -2°C ce matin, j'ai encore eu froid aux pieds, je pars bien habillée. Le chemin est bien vallonné, plutôt joli, dommage qu'il y ait tant de circulation. Je passe St Maximin la Ste Baume et il ne me reste plus qu'à me laisser descendre, vent dans le dos toujours, jusqu'à Sollies Pont, où les difficultés commencent. Trafic monstrueux, fort voir très fort vent de face, des ronds points tous les 100 mètres, des travaux, des automobilistes impatients et pas trop tolérants… Toulon. La Seyne sur mer. Je dois pousser mon vélo sur le trottoir car la rue est congestionnée. Et j'arrive chez Nadia et Alex. Nadia et moi étions dans la même école primaire, dans la même classe. Nous ne nous sommes guère revues entre temps. 

 

Samedi 8 avril, c'est le week end pascal. Pfftt. Il faut que je fasse toutes mes petites provisions parce qu'un lundi de Pâques en Corse, je doute de trouver quelque chose d'ouvert. Mais avant d'aller visiter Intermarché avec Nadia, c'est Alex qui m'emmène marcher 2 à 3 heures dans la forêt de Janas qui surplombe la mer d'huile bleue. On voit bien Porquerolles et Port Cros mais pas la Corse… Ce jour de repos me fait du bien, c'est l'été déjà ici, avec des températures juste bien comme il faut. J'ai tout ce qu'il faut, lessive faite et tout, pour aller prendre le bateau demain soir pour l'île de beauté…

 

Corse, de Bastia à Piana

 


 

Salut,

 

La mer était d'huile, plate, et installée quelque part sur le 7e pont sur mon matelas et dans mon duvet, j'ai fait une bonne nuit lors de la traversée du continent vers la Corse. Je me souviens de lumières magnifiques sur la vieille ville de Bastia éclairée par les premiers rayons du soleil, à l'arrivée du bateau. 10 avril, je débarque sur l'île de beauté avec mon vélo vert et mon sac à dos pour environ 2 mois et demi. En prenant le temps, je rejoins l'adresse de Sylvie, qui entreposera mon vélo dans son garage. 

 

Je commence par de la rando. Partie pour deux ou trois jours sur les crêtes du Cap Corse à partir du col de Téghime jusqu'à Meria, je ne reviendrai en fait à Bastia qu'une semaine plus tard. Alors que je prenais mon pique nique sur un banc de la place de Méria, une femme est venue me trouver pour m'inviter à boire une infusion et m'a donné trois oranges ( parce que je n'en ai pas voulu plus). Le voisin venait de lui en apporter plus de 10 kilos, de ses arbres bien sûr. J'ai enchaîné les crêtes avec le tour du Cap Corse, désert et battu par une mer déchaînée fracassant son écume sur les rochers. Puis après un bout en stop entre le moulin Matei au dessus de Centuri et Saint-Florent, ai poursuivi par le tour puis un peu l'intérieur du désert des Agriates, vraiment désert... 

 

Dès les premiers contacts avec les habitants d'ici, je comprends que ce sera bien, sauf à les "mettre à l'envers". Ça me va bien. Non, il ne faut pas faire preuve d'impatience quand la caissière du super (qui n'a rien à voir avec celle d'Arthur H) tape la discute 10 minutes avec la cliente devant. Qu'il est agréable de constater que les gens ne se sentent pas pressés comme des citrons et prennent le temps du contact humain. Mon tour viendra, et je pourrai même brancher mon chargeur. Disponibilité, sourires. Et sur les routes, que ce soit en stop ou à vélo, je serai bien heureuse de leur patience. Mes différents conducteurs/trices se font guide du patrimoine ou touristique quand ils me prennent et c'est bonnard. Ainsi, en passant sous l'énorme usine d'amiante, la dame m'explique que cette usine a fait vivre beaucoup de familles, puis sans se rendre compte de la contradiction, enchaîne en me disant que l'amiante a fait beaucoup de cancers et de morts. L'usine a fait vivre ou a fait mourir ? Cherchez l'erreur ! 

 

J'ai eu globalement du beau temps, mais aussi du vent les premiers jours et même un fort coup de vent au Cap Corse, 120 km/h, la tente a bougé un peu… même à l'abri dans les bosquets, et j'ai passé une journée entière sans oser en sortir. Si je l'avais quittée, alors elle se serait envolée. J'ai consommé la moitié de la batterie de ma liseuse ce jour-là, tandis que partout sur le Cap et plus bas encore il grêlait fort. Des œufs de caille m'a t-on dit. Les vignes de Patrimonio ont été endommagées, les magnolias de la cliente devant moi au Spar saccagés, et la circulation délicate au col de Téghime sur 8 cm de boules de glace. J'ai donc eu de la chance là où j'étais de n'avoir eu que du vent. Je n'ai croisé quasi personne sur ces sentiers, la saison ne sera officiellement ouverte qu'à partir du 15 avril, et encore... 

 

Que du beau, que du beau, je n'ai vu que du beau. La couleur de l'eau qui n'a rien à envier aux destinations les plus exotiques, les plages de sable noir, ou blanc, les tours génoises ou ce qu'il en reste, quelques phares et sémaphores avec mécanisme Depillon, des piquants, des griffants, du caillou, du sable et des fleurs… J'ai cheminé, voyant parfois un peu plus loin des sommets enneigés. Je suis tranquille. Dans les petits villages, les commerçants et autres se préparent à l'assaut estival mais ils sont détendus, profitant du calme et de la compagnie des habitués dans les bistrots. L'autostop a fonctionné nickel sauf de Saint-Florent à Bastia où visiblement le niveau de vie est trop élevé pour que les propriétaires d'un emplacement (pas vide) dans le port daignent aider quelqu'un qui tend le pouce. 1h, alors que sur les petites routes des Agriates ou du Cap, pas une des rares voitures n'est passée sans s'arrêter. Pas une.

 

C'est donc après déjà une semaine de présence en Corse que je récupère mon biclou chez Sylvie et pars par les hauteurs de la ville visiter les petites routes montagneuses et sinueuses de ce doigt tendu en direction du continent encore, puis de la région de Saint-Florent, avant de basculer sur la côte ouest. Mais il faut bien aller voir même si ça fait mal aux jambes ces villages accrochés aux flancs des montagnes, et me voici montant à Farinole et Patrimonio (connu pour ses vins) puis à Teghime encore pour rejoindre Oletta, puis Beldogère depuis Losari, et encore Olmi Cappella où je gare mon vélo chez un habitant choisi au hasard. Je pars pour une journée complète de rando qui aura pour thème "les ponts génois". Et j'ajouterais, "les sentes ancestrales", celles qui savaient suivre parfaitement une courbe de niveau, et les "chemins pavés", bref, du joli patrimoine. Des nuages et quelques averses s'invitent et me masquent la vue des sommets enneigés juste plus haut. Olmi Cappella est à 850 m d'altitude, je suis au pied des sommets que je voyais depuis le Cap et les Agriates. Monter avec vue sur les montagnes blanches, passer un col, descendre avec vue plongeante sur la grande bleue, voilà mon quotidien, le tout en passant par ces villages improbables tout en escaliers et parfois perchés sur des éperons rocheux, comme des forteresses reliés entre eux par des routes en corniche. Comme Speloncato.

 

Les Corses sont forts sympathiques je l'ai dit, à condition d'arriver en étant poli et pas avec des gros sabots. Volubiles, ils parlent facilement, racontent leur vie, indiquent, conseillent, expliquent et ma foi, sur les routes étroites et sinueuses, sont plutôt prudents et attentifs, patients. J'ai appris à les reconnaître quand ils me doublent car les touristes en voiture de location "trépignent", et ont du mal à rester deux secondes derrière moi en attendant la visibilité, c'est pas comme s'ils étaient en vacances hein ! Pour l'autochtone finalement rien ne presse, quoi qu'il en soit, le soleil est patron, doucement le matin et pas trop vite l'après-midi, les choses se font en temps voulus et ce rythme m'est agréable. Pas de stress. Bon, je sens bien qu'à certains endroits, il ne faudrait pas passer par-dessus les barrières pour camper et il est toujours impressionnant de voir des trous de balle de 5 cm de diamètre sur les noms en français sur les panneaux routiers. C'est la Corse, avec ses luttes, ses indépendantistes, ses graffitis flnc… Je l'ai dit, attachés à leurs traditions, leurs valeurs, leur fonctionnement, leur île, il ne faut pas les "mettre à l'envers". Et je crois que je les comprends bien, par certains côtés...

 

Les températures sont nickelles, je bronze sans cramer, les touristes (comme moi), sont assez peu nombreux, et donc l'île se montre telle qu'elle est à cette saison. Fleurie, entre autres. D'ailleurs, le désert des Agriates en fleurs était top niveau. 

 

Une avarie de matelas (déjà) m'a fait assurer le spectacle dans quelques marinas afin de trouver la fuite, plusieurs jours d'affilée, le souci semble maintenant résolu. Sinon, la vie est chère, l'alimentation est chère, transport oblige, mais il faut bien manger. 

 

Un cycliste perché sur un vélo carbone qui m'a accompagnée quelques kilomètres se "vantait" d'avoir du beau monde dans les alentours, Thomas Dutronc, Laeticia Casta, Murielle Robin, Michel Fugain, Bedos, Catherine Frot et j'en passe. Quand je lui ai demandé si ces gens sont accessibles, il m'a répondu qu'avec lui, oui, car il est le pharmacien du secteur !

 

Côté faune c'est simple et vite résumé. Des vaches qui broutent les accotements ou le sable des plages, des chèvres itou, sauf qu'elles broutent aussi les cailloux. Les cochons qui sont partis aussi vite que venus dans les secteurs où je bivouaque, et un jour, un jour, en montant un col à vélo, je me suis fait doubler par une tortue ! Des faucons, des milans, des corbacs et des mouettes.

 

J'écris ce post de Piana où je suis arrivée par la route des Calanques hier, après avoir pédalé l'ancienne route côtière, désormais laissée à l'abandon, qui reliait Calvi à Ajaccio. Une vieille femme habitant une maison isolée sur cette ancienne route m'expliquait que ses parents l'avaient achetée dans les années 60, c'était une fromagerie, pour le compte de Roquefort. Plusieurs familles exploitaient les terrains alentour. Aujourd'hui, un seul gros agriculteur qui a tout racheté peu à peu et possède un gigantesque domaine fait pousser du raisin, de la lavande... Il a entrepris avec la bénédiction des élus de gros travaux afin de pomper l'eau en profondeur pour irriguer ses cultures. La conséquence directe étant le tarissement des sources qui alimentaient les habitations autour. La vieille dame récupère l'eau de pluie comme elle peut, quand il pleut, et achète son eau de consommation en bouteille... Le futur ici aussi fait peur. 

 

La route des calanches, depuis Porto, est belle, bien sûr, mais que je comprends les habitants permanents furieux de voir débarquer bus et cohortes de touristes qui s'arrêtent n'importe où et n'importe comment sur cette route super étroite pour prendre une photo. Je n'ose même pas imaginer comment ça peut être en pleine saison quand je vois le cirque que c'était déjà hier, juste parce que 8 motards italiens faisaient un cliché. Deux bus ne peuvent évidemment pas se croiser et en saison, à chaque extrémité du secteur, les régulateurs organisent comme ils peuvent la circulation. Les routes ne sont pas nombreuses, il n'y a pas d'alternatives... À Piana, je vais entreposer mon vélo et partir marcher 5 à 6 jours dans les montagnes, poursuivant mon heureuse alternance entre vélo et randonnée, mais avant, je prends un vrai jour de repos dans des conditions ultra confortables afin de m'organiser, de vous écrire ces quelques lignes ( il y a plein de photos dans la rubrique "photos"), de régler des préoccupations administratives et de faire... ma déclaration de revenus, sur mon téléphone !

 

Ciao ciao !

 

Corse, de Piana à Bonifacio

La quête du…

 


 

Salut,

 

Je ne dois pas être très efficace, il m'a fallu deux grosses semaines pour aller de Piana à Bonifacio (où je stagne)… et cependant j'ai dû faire des choix, je ne peux pas aller partout ! 

 

Je n'ai pas vraiment eu de chance pour sortir de Piana et me rendre à Serriera qui est le départ de ma randonnée. Les 15 km en stop ont été faits pour plus de moitié à pied, sur la route. Les bonnes âmes qui m'ont prise étaient des ouvriers dans un petit camion benne qui ne parlaient guère français, venant de Pologne. Ils allaient refaire une salle de bain dans un hôtel de Porto. À Serriera, je rencontre Loïc, par hasard, sortant d'une réunion municipale. Il est accompagnateur en montagne sur le secteur, habite le village, et me donne quelques renseignements sur l'état des sentiers. Il me confirme que ce parcours sera de toute beauté et je n'ai qu'une hâte, celle de m'enfoncer dans la montagne. Cependant, avant de démarrer, je dois encore m'occuper de trouver une pince multiprise car un de mes bâtons est bloqué, et à 9 h du matin, c'est pas gagné…

 

Le premier col, Bocca di Melzo, se rejoint par une sente dans le maquis, qui me griffe les jambes, mais pas d'urticantes, m'a prévenu Loïc. La vue depuis le col sur le rivage azur est superbe et le sentier qui descend de l'autre côté est un ancien chemin de transhumance avec des parties pavées, qui me fait descendre jusque dans le val du Fango. Je longe un moment cette rivière, en la remontant, pour arriver jusqu'à Mont Estremo, et à la sortie du village j'installe mon bivouac pour la nuit. La fin de nuit est pluvieuse et j'attends donc un moment le lendemain avant de sortir du duvet. Dans les 500 premiers mètres, je ripe sur une pierre mouillée, me rattrape main droite, mon index n'a pas aimé la gymnastique et je pense m'être fait une entorse, ou une fracture, qui est douloureuse toujours aujourd'hui même si ça s'améliore. Je remonte ensuite tout le vallon par un sentier de transhumance encore, innombrables lacets soutenus par endroits par des murs de pierre, avec une vue de tout le Fango, et la mer au fond. Puis je passe un col, Bocca di Capronale à 1330 m d'altitude, la limite des nuages n'est guère plus haute mais en attendant un peu encore (en grignotant quelque chose par exemple), les brumes se déchirent, le ciel se dégage, des éclaircies font leur apparition et je vois enfin la suite du parcours, magnifique. Comme je dois passer un col à plus de 1800 mètres d'altitude, je préfère m'arrêter au refuge de Puscaghja et ainsi assurer la suite pour demain qui j'espère, ne sera pas dans les nuages. J'y fait la rencontre d'Alex et Gaby, deux jeunes qui sont en vadrouille pour 2 semaines sur l'île, mais lui y a séjourné à de nombreuses reprises. Ils sont bien cools et nous passons une agréable soirée. Les refuges sont ouverts et gratuits tant que les gardiens ne sont pas montés. 

 

Le lendemain, je pars assez tôt, bien décidée à atteindre l'épicerie d'Evisa avant la fin du jour. La montée au Bocca di Guagnarola à 1833 m ne me suffit pas puisque je fais en vitesse un aller-retour jusqu'au sommet du même nom, sans le sac. Encore du beau. Plus bas, dans la très haute vallée du Golo, je récupère le GR20, que je lâche rapidement pour aller vers le col routier de Verghju, et 4 heures plus tard, je débarque à Evisa. L'épicerie n'est ouverte que le matin. Je retrouve Alex et Gaby. De dépit devant le rideau baissé, je poursuis et installe mon bivouac dans les gorges de Spelunca dont je parcours la majeure partie le lendemain matin aux aurores. Arrivée à Ota, l'épicerie de 4 m2 est ouverte, la commerçante fort sympathique, et le responsable des agents d'entretien des sentiers du parc me repousse de 3 km avec son auto. Discussion incluse, les 3 km prendront 1 heure, et je m'en vois ravie. Ils sont top ! Il m'a fait les cornes, ce qui en Corse, protège du mauvais oeil, je peux partir tranquille ! J'entame alors une belle boucle autour d'Ota, sente étroite dans des gorges profondes et encaissées, châtaigneraies multi-séculaires, bergerie en pierres, pins Laricio impressionnants en taille, en diamètre et par leur écorce aux larges plaques. Je ne parle pas des senteurs qui se dégagent de toutes les fleurs sous l'effet des rayons ardents du soleil, ni des champs d'élégantes asphodèles. Je campe sous Ota, au niveau d'une passerelle que je découvre interdite pour raisons de sécurité. Je passerai tout de même le lendemain matin en ne mettant les pieds que sur la structure métallique, au bord, car effectivement, marcher sur les planches ne pourrait que m'envoyer dans le bouillon froid en dessous. Je suis montée plus tard au Foce d'Orto, puis par la directissime en pointillés rose sur la carte, ai rejoint le sommet. Les mains ont bien servi sur les 150 mètres de dénivelée balisés de cairns, mais quelle vue ! Quelle vue depuis le sommet ! Déjà que cette montagne, le Capo d'Orto, est super esthétique, mais alors la vue sur le rivage, la grande bleue, la réserve de Scandola, et de l'autre côté les montagnes enneigées… Je descends par un sentier moins emprunté que l'itinéraire direct et me pose pour recharger mon corps fatigué 1 km avant Piana où je récupère mon biclou à la première heure le lendemain. Merci à Jérôme et Fanny pour le stockage et l'acceuil.

 

J'ai bénéficié de superbes conditions pour ces 5 jours de randonnée, et j'ai beau chercher des endroits moches, je n'en ai encore pas trouvé.

 

Allez, pédalez maintenant. Attention à la transition après ces 5 jours de rando exigeante. Je pars tranquille, passe devant la tombe d'Yvan Colonna, Cargese et ses églises latine et grecque, file à Sagone et chope le soleil en montant vers Vico pour manger des chips. Et là, là, j'ai pris la petite route de montagne qui passe par Murzo où j'ai croisé un mariage, Muna, le village abandonné accroché dans le relief puis Rosazia… Pour du sauvage et de la route en corniche de 2,5 mètres de large sans parapet, c'est ici que ça se passe. Dommage que le ciel soit de nouveau nuageux. La Liamone, 400 mètres en contrebas, a creusé des gorges qui semblent inaccessibles. Je passe la nuit au bord de la rivière U Cruzini et le lendemain, me réveille au son de chants corses sortant de la radio d'une cabane voisine (mais invisible), repars à l'assaut de quelques cols pour arriver direct sur Ajaccio où j'arrive pile-poil une minute avant la pluie si si, à 11 heures du matin. Je m'installe chez Brice, un ami d'une amie, et regarde tomber la pluie derrière la fenêtre du 4ème étage, entre la douche chaude, la lessive, les courses au Leclerc tout proche. Ça fait du bien de me poser dans ces super conditions par cette météo. Le timing est nickel, sans déc, j'ai vraiment de la chance. Ça fait du bien de cuisiner, pour 2 qui plus est. Et comme c'est bien, eh bien je prends un jour complet de repos, enfin…relatif. 

 

Sur les montagnes c'est très noir, flotte. À Ajaccio, ça va. Je vais faire un tour au centre ville, tout est fermé, 1er mai oblige. Le cortège syndical n'est plus ce qu'il était mais le cours Napoléon est fermé quand même. Tout est soit Napoléon soit Tino Rossi. Et d'ailleurs la bonne âme qui m'emmène en stop jusqu'aux Sanguinaires me montre en passant le cimetière où est enterré le chanteur. Les excursionnistes s'y arrêtent toujours même si de moins en moins de monde savent qui il était. Les Sanguinaires donc, sous le soleil, l'endroit est magnifique, j'y fais le tour de la presqu'île, monte à la tour, et prends le sentier, en aller retour jusqu'à la première plage de sable blond, le petit Feno. Et je rentre en stop. 

 

Le lendemain matin, le ciel est noir encore mais je pars, et tôt… 8 heures, je quitte le confort et pars par Bastelicaccia, Ocana, et Tolla. Le ciel restera menaçant et je devrai descendre d'un étage pour m'assurer une nuit sèche au col Gradello.

 

À Propriano, je passe en rase-motte sous les nuages noirs encore, le soleil et le ciel bleu sont juste un peu plus au sud et je les trouve à Portigliolo. Je monte à Belvedere, et trouve enfin une bonne âme, après plusieurs tentatives décevantes (des gens aux excuses tellement foutage de gueule…) pour mettre mon vélo en sécurité 2 jours. Je pars en effet marcher sur le sentier du littoral qui rejoint Campomoro à Barcaju et remonterai par les terres. Et je me rince l'œil encore et toujours. Les petites criques, les plages, la lumière et les fleurs pour moi toute seule. Par contre pour remonter, un sentier seulement sur les 3 envisagés est encore lisible sur le terrain. C'est celui qui passe en crête, et je me régale encore. Ce soir-là, c'est avec une mandibule de bovin que je cogne sur mes sardines pour monter mon bivouac ! Je ne fais guère de rencontres, je dois cependant avouer que j'évite les sentiers battus et puis après les vacances d'avril, c'est très calme à nouveau.

 

Je récupère mon biclou chez Yves après m'être fait transporter un bout dans la benne du camion d'un apiculteur que j'invite à écouter Bashung, me dirige vers le sud toujours. En route, je fais le petit détour par Sartene, autant pour me ravitailler que pour voir la ville, puis vais visiter les alignements de menhirs de Stantari, de Renaju ainsi que le dolmen de Fontanaccia. 

 

Sur ma carte, il y a un chemin noir qui me permettrait ensuite de récupérer des pistes et ne pas ainsi m'obliger à rebrousser chemin jusqu'à Sartene, mais pourrai-je passer avec le vélo ? Le chemin existera t-il toujours ? Sera t-il barré ? Sur le terrain, le chemin existe, il est empruntable, une barrière le ferme qu'il suffit de pousser, aucun panneau de propriété privée, tout va bien. Après quelques kilomètres avec parfois des pourcentages défiant l'entendement, je débarque dans la magnifique vallée de l'Ortolo. Des cultures, de l'élevage, un golf, une plage aux eaux cristallines, un petit paradis… À une bifurcation de pistes alors que je regarde où trouver de l'eau pour mon futur bivouac que j'imagine bien dans le secteur, un énorme 4x4 me rattrape et monte à ma hauteur, le jeune homme par la vitre, après m'avoir saluée, me signifie que je suis dans une propriété privée. Ah ! Ok ! Et ? S'ensuit un échange verbal calme.

- Par où êtes-vous entrée ?

- Par les sites préhistoriques

- Il y a des panneaux "propriété privée"

- Je n'ai rien vu de tel

- On peut retourner voir

- Si vous avez du temps, j'en ai aussi, on peut aller voir.

- Hum, vous êtes de mauvaise foi

- Pas du tout mais je vous invite à aller voir. 

- N'empêche que vous êtes dans une propriété privée.

- Grand bien vous fasse de posséder, et quand bien même, en quoi suis-je répréhensible puisque je n'ai rien vu dans ce sens, que je n'ai rien fait de mal ? Maintenant il faut bien que j'en sorte non ?

- Oui, mais sachez-le pour la prochaine fois.

- Avec un accueil pareil, il n'y aura pas de prochaine fois, au revoir monsieur

Cinq bornes plus tard à suer et pousser mon vélo sur la piste en regrettant de ne pas lui avoir demandé pour planter ma tente sur un green de son 18 trous, je me trouve nez à nez avec un magnifique portail monumental en fer forgé, actionné par des vérins, qui me barre la sortie. Là, je ne peux vraiment pas passer, je n'ai plus qu'à attendre un véhicule, je gesticule devant la caméra et baragouine dans l'interphone, sans effet, puis après 10 minutes d'attente toute aussi vaine, dégote un passage par un jardin (pour le coup vraiment privé). Il y a juste le mur d'un mètre cinquante à descendre avec tout le barda sous l'œil des caméras. Je m'en fous, je décroche les sacoches, passe tout un par un, recharge, fais coucou à la caméra (pas un doigt tout de même), et… croise une voiture qui ouvre le portail ! J'apprendrai plus tard que je suis passée et ai sillonné un domaine privé de plus de 2000 hectares connu dans toute la Corse, acquis de manière plus ou moins mafieuse, lieu de rendez-vous de la jet set avec des nuitées à 3000 euros, j'ai dû dénoter dans le paysage avec mon vélo sacoches et mon t-shirt qui porte les stigmates de mes suées… Mouarf.

De nouveau sur la route, je vois le lion de Rocapine avant d'aller poser un bivouac tranquille.

Le lendemain, motivée, je monte à Giannuccio à vélo (465 m) pour ensuite aller gravir l'Uomo di Cagna (l'homme de pierre), 1217 m. C'est un sommet repérable de très loin car, proche de son sommet, il y a ces deux grosses pierres empilées qui font penser à un buste et une tête. Le plus joli de la rando était cependant d'aller jusqu'au col de Monaco et la descente sur le village par un itinéraire sauvage. La femme chez qui mon vélo est entreposé me propose une douche, qui ne sert à rien si je repars transpirer, je décline, passe pour une folle ou une cradingue, ou les deux. Ce soir là c'est vers Caldarello que je pose ma tente, dans un endroit discret au milieu des propriétés toutes plus grosses les unes que les autres dispersées dans la forêt. Les mégalomanes ont dû se donner rendez-vous ici, et le soir, j'ai droit à une soirée disco/années 80 et m'endors à la voie de France Gall, Desireless, Goldman, Farmer (qui justement, paraît-il, aurait ou aurait eu une propriété ici), aux aboiements incessants des clébards et des avions qui se posent ou décollent de Figari Sud Corse, distant de 4 km à coup d'aile. Tout cela s'arrêtera à 22 heures. 

 

J'ai avancé un peu le jour suivant, 20 km, jusqu'au bocca d'Arbia et ai posé ma monture dans une résidence avec une facilité déconcertante puis suis partie marcher jusqu'au lendemain. Le tour de la Trinité et visite de l'ancien ermitage d'abord puis de la plage de la Tonnerra jusqu'à Bonifacio ensuite, par le rivage. Météo annoncée couverte, j'ai bénéficié d'un temps magnifique et donc de paysages avec une lumière de folie encore. Au loin les fameuses bouches sous la ville perchée et sa citadelle, jusqu'à arriver plus loin que le phare de la Madonetta, quasi au port, le tout avec un soleil d'ouest nickel. Régal encore et encore. La côte sarde, certes proche, est d'une netteté impressionnante. Trouver un bivouac dans le maquis est un peu moins drôle, j'ai dû marcher encore un moment pour finalement m'installer au beau milieu d'un ancien terrain militaire aujourd'hui abandonné, du maquis traversé par quelques pistes fermées aux véhicules.

Après quelques gouttes de pluie matinales, je rejoins Bonifacio, m'y arrête un moment sous le ciel très nuageux, monte le vélo jusque dans la ville haute par les rampes pour PMR, bénéficie d'une très courte éclaircie, me régale de ses ruelles étroites et de ses bâtiments reliés entre eux par ces petits liens de pierre, de son linge pendu en hauteur, de ses anachronismes, de son escalier du roi d'Aragon que je n'ai le droit d'emprunter à cause de mes talons aiguille, de ses imposants murs de fortification. Puis par le sentier au-dessus des falaises, je me dirige vers le phare du Capo Pertusato, mais le ciel toujours gris me dissuade d'aller au bout, sitôt sur la route, je prends la direction de Porto Vecchio.

 

Après un mois bientôt passé sur l'île, je vois alors pour la première fois une ligne droite, dans laquelle je dois lutter contre le vent pour me rendre chez Lysiane au dessus des plages de Palombaggia afin de m'y poser et reposer quelques jours. L'endroit est magnifique, calme, privilégié. Lysiane a bâti ici sa demeure il y a plusieurs décennies, avant la flambée des prix, maintenant il faut s'appeler Djamel Debouzze pour construire dans le secteur… Cela fait 3 jours que je stagne ici, nous sommes retournées à Bonifacio sous le soleil, cette bourgade sur cet éperon rocheux impressionne...

 

Voilà, de Cap corse à Cabo Pertusato, de l'extrême nord à l'extrême sud, j'ai occupé un mois. J'ai cherché, je cherche toujours, je quête, fais des détours pour le trouver, mais à part des masques et paquets de clopes dans les talus, je ne l'ai vu nulle part encore, donc je continuerai à cheminer et vagabonder pour voir s'il y en a… du moche !

Ciao ciao !

 

Corse, de Porto Vecchio à Corte

 


 

Je dois tout d'abord dire un grand merci à Lysiane de Porto Vecchio, non seulement pour son hospitalité (j'y suis restée 4 jours et 5 nuits), mais aussi pour sa disponibilité infinie et encore pour m'avoir fait découvrir les environs et trimballée partout. Nous sommes allées marcher un peu sur les plages de Palombaggia, de Santa Giulia et compagnie. En ces jours frisquets et néanmoins lumineux, elles sont désertes, mais la couleur de l'eau me laisse toujours un peu scotchée, la bouche en rond autant que les yeux même si je suis définitivement plus montagne que mer. Le regard a du mal à se détacher, aimanté par cette lumière, cette transparence. 

 

Et puis nous sommes retournées du côté de Bonifacio, sous le soleil cette fois-ci, mais avec un vent qui a encore mis mon brushing en vrac. Depuis la pointe de Sperone, par delà la mer ébouriffée elle aussi, les îlots privés, et l'archipel des Lavezzi… Nous sommes montées au sémaphore de Pertusato, et il aura fallu que j'aie 53 balais pour apprendre la différence entre un phare et un sémaphore, ignorante que je suis ! Et puis Bonifacio, la ville haute, le cimetière marin, le port, les falaises, les églises, les ruelles. Quelle situation géographique ! Cette ville sur ce cap battu par les vents en quasi permanence, cette citadelle et fortifications énormes ! Quelle lumière que ces falaises blanches sur la mer qui assaille sans cesse ! D'ailleurs il paraît que sera bientôt démolie la maison au dessus de la corniche que tout le monde photographie, la mer creuse et gagne, le tout menace de s'écrouler. Ce n'est pas encore ici que je vais trouver du moche ! Et puis nous sommes allées randonner une journée, histoire d'aller voir un peu les bergeries de Bitalza. L'endroit est joli, le nombre de bergeries formant village sur un même "alpage" surprenant. 

 

Bref, scrutant avec attention les prévisions météo, j'ai dû m'arracher de cet endroit dominant l'îlot du Toro et les îles Cerbicale, car quoi qu'il en soit, j'aurai de l'eau. Cela fait 4 jours pleins que je suis là, je risque de prendre racine, je pars sous un ciel bien gris, tellement gris que je ne fais pas 500 mètres avant de prendre les premières gouttes mais ne fais pas demi-tour pour autant. La météo de la Corse regorge de microclimats, est tourmentée et diversifiée à l'extrême d'une vallée à l'autre, d'une colline à l'autre, d'une baie à l'autre. Sur cette île somme toute petite, les montagnes élevées, le relief compliqué, l'influence des courants du golfe de Gênes peuvent donner du pire comme du meilleur à quelques hectomètres près. J'ai dû m'abriter 2 fois avant d'atteindre Solenzara. Et là-bas, tandis que je prends un verre avec une personne avec qui j'étais en classe de 4ème au collège de Morteau, il y a… 39 ans (sans avoir eu de contact entre temps), le ciel se vide en trombes, les nuages comme percés par un glaive s'épanchent, accompagnés de bourrasques qui n'incitent pas à quitter le bar ! Il le faut pourtant, mais comme j'ai de la chance, la pluie se calme et je pose ma tente à la sortie de la ville sur la route du col de Bavella dans des conditions qui pourraient être pires.

 

Il a fallu monter le lendemain jusqu'à ce col, Bavella, difficile, à la pente raide et longue, alors que peu à peu les nuages envahissent le ciel et masquent les fameuses aiguilles. Au col, c'est la fête du slip, blindé de motards et autres "pinzoutes" (prononcer "pine zoutes", c'est élégant n'est ce pas, nom donné à tout ce qui n'est pas corse depuis au moins dix-huit générations..., dont je fais partie, je sais.), je ne m'arrête que quelques secondes. De l'autre côté, vers Zonza, le soleil persiste. Un détour par le lac de l'Ospedale, un bout de piste pour rejoindre Carbini et me voilà pas si loin au-dessus de Sartène. J'ai retrouvé des villages perchés dans la montagne et parfois noyés dans la forêt, aux noms à consonnance italienne: Zonza, Sorbollano, Santa Lucia de Tallano, Serra di Scopamène, Zicavo, Cozzano…

Je passe le col de Verde sans prendre une goutte, seul "couloir" du ciel où celui-ci n'est pas de charbon, et m'arrête avant Ghisoni. Un lapin passe dans ma salle à manger, et un jeune taureau vient se foutre les sabots dans les haubans de la tente. Il faut dire qu'ici en Corse, les vaches sont partout, en liberté…, je n'ai pas osé l'engueuler ni le chasser de peur qu'il ne voit rouge et charge !

 

De Ghisoni, il aurait été simple d'aller directement à Corte mais il y a le défilé de l'Inzecca tout près, alors je fais le détour mais les premières averses ne m'incitent pas à traîner. De plus, le vent de face met à mal mes jambes déjà endolories par les dénivelées importantes des jours précédents. À Vivario, je rejoins la route principale que je suis jusqu'à Corte où j'arrive mouillée. 

 

Alors dans ces cas-là, la motivation en prend un sacré coup, et vite. Elle dégringole, paf, comme ça, d'un coup d'un seul. En l'absence de gîte d'étape, et après un coup de fil à l'office du tourisme, je me pose dans l'hôtel le moins cher de la ville, et me retrouve vite sous une douche chaude qui me fait renaître. Le supermarché Casino tout proche me procure tout ce qu'il faut, la chambre est un 20 m2 offrant tout de même une kitchenette et à la réception, ils m'ont filé un plein gros sac de casseroles, poêles, et autres ustensiles de cuisine, y compris liquide vaisselle, éponge et linge. Et ça c'est bon ! Mon vélo est en sécurité à l'abri. Arrivée tôt, j'ai encore le temps de profiter d'une accalmie pour aller visiter la vieille ville et la citadelle. Je prépare également la prochaine rando à pied, qui démarrera dès le lendemain aux aurores, pour profiter, peut-être, d'une météo acceptable. C'est qu'il y aurait tant à faire par là autour ! 

 

Mon choix se porte sur une boucle de 2 jours, qui passe par l'arche de Corte (voir la section "photos"), les bergeries de Radule, de Conia, les gorges du Tavignonu, les bergeries et plateau d'Alzo et les gorges de la Restonica. Très vite rattrapée par les nuages trop bas, je ne verrai que ce qui passe à moins de 100 mètres de mon museau, à part une vue sur la haute vallée du Golo et son lac de barrage. Mais de vue sur les montagnes, aucune, de vue sur les gorges encaissées pas plus, et si les bergeries n'avaient pas été marquées sur la carte, je serais passée à 20 mètres sans les voir. Cependant et malgré ces conditions désespérantes et persistantes, les gorges du Tavignonu sont impressionnantes, comme la traversée de la réserve intégrale du même nom, qui par le fait, avec tous ses arbres morts et sa végétation laissée à elle-même, m'a offert une ambiance très mystique de monde humide et brouillard en noir et blanc, à part des touches orange aperçues sur le dos d'une salamandre corse transie de froid sur son caillou au milieu du sentier. De la Restonica je n'ai quasi rien vu, seuls les sons me faisaient prendre conscience de la verticalité du paysage qui m'entourait. Arrivée sur la route sous la pluie depuis un moment, j'ai tendu le pouce. La première voiture, déjà pleine de 4 normands adultes, (10 jours maussades en Corse alors qu'il fait grand beau chez eux) m'a chargée pour me poser devant l'hôtel. Pendant que je marchais, les locaux de la banque Société générale à Corte ont été plastiqués à la bonbonne de gaz. Pas de blessé, une revendication du Flnc. Ce n'est pas le premier incident depuis un mois, les actus sur mon tél s'adaptant aux lieux où je passe, je constate quand même pas mal d'actes de ce type, qui ne font couler ni sang ni encre, mais existent... Douche chaude, courses conséquentes, cuisine, tout va bien. 

 

La météo annoncée pour les jours suivants n'est pas meilleure. Aussi, ce matin, je charge le vélo et monte à Santa Lucia di Mercurio, dans le brouillard épais toujours. Une vache sur le flanc, gonflée et dépourvue de tête sur le bord de la route, 16 km, 500 m de dénivelé positif plus loin, je m'installe chez Delphine, qui n'est pas là ces jours mais en Normandie, et rentrera dimanche soir. Amie d'ami d'amie et warm showeuse par dessus le marché, la maison est toujours ouverte et ça fait vraiment du bien. Silence de malade, feu allumé dans le fourneau pour combattre les 15 petits degrés, douche et repas pris, lessive faite, j'écris ces lignes en écoutant de la musique et tout ceci est tellement bon… Je vais pouvoir faire une vraie bonne séance d'étirements, la vie est belle..

 

Et je ne sais ni quand ni que sera la suite, la météo décidera pour moi et pour le moment, elle n'est guère réjouissante, cela dit, ça finira forcément par s'arranger.

Vous trouverez encore de nouvelles photos dans la rubrique dédiée. À la prochaine, portez-vous bien !

 

Corse, de Corte à... Porto Vecchio

Que d'eau, que d'eau…

 


De mémoire de Corse, ils ont rarement vu ça, passée la moitié de mai, des jours entiers sans voir les collines aux alentours de Corte, prises dans les nuages épais en permanence. Du froid, 15 degrés dans les maisons et de l'eau, beaucoup d'eau. Certes de la bonne eau, celle qui infiltre les sols sans raviner ni faire de dégâts, celle qui descend en profondeur et imprègne, nourrit le végétal, remplit les nappes et ne ruisselle pas, ne lessive pas. Certains jubilent, il faut de l'eau, et mi-mai elle est précieuse, les chlorophylliens pompent et s'empiffrent, se gavent, les risques d'incendie sont à leur plus bas. Pour les touristes venus faire de la rando printanière au soleil sur la semaine de l'Ascension, c'est la déconvenue totale, la déception : "on aurait mieux fait de rester chez nous, en Normandie". Pour les motards et les cyclos, c'est la dèche. Les commerçants ne font pas leurs affaires, les restaurants en terrasse non plus et les touristes tout de même venus n'ont guère besoin de se désaltérer. Quant à moi, le présent me donne raison, à savoir que j'ai bien fait, en arrivant à Corte, de ne pas tergiverser et de vite vite refaire mon sac et partir pour ces deux jours de rando, c'était pas "si tant pire", comme on dit dans le Haut Jura. Et raison aussi de profiter du créneau sec vendredi matin pour monter chez Delphine après avoir fait vite vite encore les grosses courses et basculé en mode vélo. À 10 heures j'étais à l'abri, à 11, ça recommençait. Depuis, il pleut, abondamment. Je n'imagine même pas être en rando, et encore moins à vélo. Que je suis bien ! Merci infiniment à Delphine, assurément une âme généreuse, qui me laisse sa maison alors que nous ne nous connaissons pas. Je bénéficie de grands espaces intérieurs pour faire des exercices de gym et d'étirements entre des murs irréguliers enduits à la chaux et colorés, sur des planchers en bois, un silence d'or, un confort que j'apprécie à sa juste valeur. Un bel univers. Les arbres qui entourent la vieille maison où rien n'est droit me donnent l'impression d'être dans une bulle étanche en forêt. Je pourrais passer des semaines ici, il y a de la lecture intéressante.

 

Delphine est rentrée alors que je m'apprêtais à repartir, j'ai donc encore attendu le lendemain pour remettre les voiles, gonflée et motivée à bloc. Ses voisins me reconnaîssent, nous nous sommes rencontrés il y a des années, au gîte jurassien "La Grenotte" alors que j'étais au travail, et j'ai aussi eu leur fils sur une traversée du Jura en raquettes… 

 

C'est par les minuscules routes et villages perchés que j'ai sillonné la région Castagniccia, magnifique et tranquille, passant de la vallée de la Bravone à celle d'Alesani et Busso par le bocca di san Gavino, puis à celle du Fium Alto par le col d'Arcarota, pour enfin basculer derrière le col de Prato pour venir poser mon vélo à Ponte Leccia.

 

Je pars alors marcher entre Golo et Asco. Démarrant par un sentier de transhumance pavé, avec de superbes murs de soutènement dans les lacets, cascades et pont génois, la Scala di Santa Regina… Que du beau encore. Au-dessus de Corscia, j'ai dû commencé à être attentive au balisage qui a tendance à disparaître dans la végétation envahissante par manque d'entretien. Le ciel devenant noir foncé, des bergeries en pierre sont arrivées à point pour m'abriter pendant l'averse. Mais je pus tout de même franchir le col ce jour-là. Jusque là tout allait bien mais de l'autre côté, ah la la, la fête du slip. Balisage bien délavé, sentier effacé, envahi ou barré par des arbres ou des piquants, le tout dans une pente raide parsemée de blocs et éperons rocheux qui ne laissent pas le loisir de passer "n'importe où" sous peine de me retrouver au dessus d'une barre. La descente m'a pris du temps et de l'énergie, personne ne viendra me chercher là en cas de pépin, j'y suis allée avec une grande prudence pour dormir à la bergerie de Cabane. Sentier balisé… Le lendemain, alors que j'appréhende les traversées de torrent dans un joli goulet, je m'applique à regarder bien autour de moi afin de ne jamais perdre le timide balisage. Et tout se passe bien, évidemment, même si je dois me déchausser 3 fois pour traverser le torrent. Je suis à 9 h 30 à Asco et rejoins Moltifao à pied par le sentier. De nouveau les orages montent, de nouveau j'ai la chance d'être à l'abri quand l'averse tombe. De Moltifao, le lendemain, je vais récupérer mon vélo à Ponte Leccia et enchaîne vers Bastia par Lento, Bigorno, Murato et le défilé de Lancone. L'arrivée au vieux port de Bastia par la piste cyclable au-dessus de l'eau au pied de la citadelle est très belle. Je retrouve tout de suite Antoine, chez qui je loge une nuit et qui gardera mon vélo et mon gant de toilette jusqu'à ce que je reprenne le bateau dans quelques semaines. Courses pour 5 jours d'autonomie, douche, lessive, soirée resto avec Antoine, tri des affaires et maintenant, place à la rando.

 

Enfin… presque ! Parce que j'ai commencé par prendre le train, un peu mythique, qui relie Bastia à Ajaccio. Très belle ligne qui enchaîne ponts, tunnels, viaducs, lacets, pour aller passer au col de Vizzavone. Le train peine dans les montées et j'imagine le conducteur debout sur le frein dans la descente sur Corte, puis Ajaccio. Je prends ensuite une navette maritime jusqu'à Porticcio, point de départ du mare a mare central. 

 

Après 2 jours sur cet itinéraire qui traverse donc la Corse d'Ouest en Est, essentiellement en forêt, je décide, histoire de voir autre chose que des arbres toujours de chaque côté, devant et derrière, de bifurquer vers le sud à partir de Cozzano afin d'aller récupèrer le mare a mare sud qui passe à Quenza. Les orages pètent dès le début d'après-midi en montagne, je me lève tôt. Et Joëlle et Jean Jean à Tassu, chez qui j'arrive trempée, me font patienter 3 heures en attendant que l'averse passe. L'orage a fait fumer la box, les impacts étaient proches. Je ne suis pas passée entre les gouttes cette fois-ci ! Et cette invitation à entrer alors que j'étais abritée sous leur avant-toit fait du bien, au corps et à l'âme. Je repars à 17 heures.

 

Le lendemain, toute l'eau contenue et retenue par la végétation me dégouline dessus pour imbiber chaussettes et chaussures. Les sentiers balisés qui ne sont ni des mare a mare ou le GR ou mare i monti sont rarement entretenus, donc pas débroussaillés, balisage sporadique, arbres en travers, bref ! Je récupère un bout de GR20, et avance sous la menace de l'orage, il est 11 heures… Ce jour-là aussi je dois attendre 3 heures au refuge I Croce que ça veuille bien s'arrêter, j'y suis arrivée à temps. Tous les jours… c'est le même binz, qu'est ce que c'est que toute cette eau en Corse fin mai ? J'y rencontre plein d'autres accompagnateurs qui me filent des renseignements pour le GR et les emplacements de névés crénioces. C'est pas gagné ! J'y croise également une petite nana, contact potentiel que m'avait donné une collègue de boulot ! Le hasard ? Je traverse tout le plateau de Coscione sans y voir un bipède. À 1500 m d'altitude, j'y croise des chevaux en liberté dans les pozzines. Encore un endroit où il faudrait passer plus de temps, fouiner, explorer, photographier. L'orage menaçant de nouveau, je descends en direction de Quenza et trouve une bergerie à l'écart du sentier, en partie ouverte, pour passer la nuit à l'abri. Je me dispenserai d'un arrêt "séchage de tente" le lendemain, c'est toujours ça. J'avance, certes, mais ne profite pas autant que je le voudrais sous le ciel trop souvent nuageux. 

 

Quenza, Levie, Carbini, le mare a mare sud est lui aussi très forestier et quand je peux voir le ciel, c'est pour constater qu'il noircit. Je passe cependant entre les gouttes ce jour là et installe ma tente au col de Mela vers une fontaine sous la menace orageuse. Dans la fin d'après-midi, on vient me dire que je suis sur une propriété privée (??), j'engage la discussion, et après 20 minutes de conversation enrichissante, le type s'en va en me souhaitant bonne nuit, content, me dit-il, d'avoir rencontré quelqu'un de respectueux, " parce qu'il y en a, des vrais cons, qui braillent dans la forêt, allument des feux, se croient tout permis…" mais il laisse le plastique de son paquet de clopes par terre…

 

Oui, parce que soit disant les touristes souillent l'île de beauté mais il existe encore des décharges sauvages sous les virages dans les talus et je doute qu'un touriste vienne y balancer sa vieille machine à laver ou des carcasses de bagnoles, entre autres. Certains Corses savent très bien se comporter en gros porcs… Fin de la tirade, il y aurait de quoi faire un chapitre sur l'envers du décor.

 

Après le col de Mela, depuis les environs de la "punta de la vaca muerta" (pic de la vache morte), la vue est splendide sur la mer des 2 côtés. Porto Vecchio à l'Est, la vallée de l'Ortolo et le lion de Rocapine à l'Ouest, le lac de l'Ospedale un chouillas en contrebas. Je n'ai plus qu'à me laisser descendre en direction de Porto Vecchio, Lysiane vient me cueillir en auto. Je fais mes courses en prévision du GR et prends un jour de repos. 

 

Que sera ce GR avec une météo toujours capricieuse et des restants de neige dans les couloirs nords ? Je n'en sais trop rien. Je ferai au mieux, serai peut-être contrainte de redescendre dans les vallées pour contourner des passages délicats… L'avenir le dira, je ne fais pas une fixation sur cet itinéraire, bien persuadée que les différentes randonnées et découvertes que j'ai faites sur l'île depuis avril sont tout aussi belles sinon plus que ce GR qui est d'ores et déjà bien fréquenté. Prudence sera le maître-mot, comme d'habitude.

 

Ciao ciao.

 

Corse, 

Alors, ce GR20... ?

 


 

Je ne vais pas vous faire une explication détaillée de toutes les étapes de ce sentier un peu mythique qui traverse la Corse en diagonale. 180 km de Conca à Calenzana, normalement parcouru en deux semaines environ, le GR 20 est un très bel itinéraire alpin, escarpé, somptueux qui court sur le fil de la crête corse. C'est Lysiane qui m'a déposée au départ, un vendredi matin vers 9 heures, et j'étais stressée. Stressée ? Oui, un peu tendue. Notamment à cause des prévisions météo hyper orageuses et de l'incertitude de la nécessité de crampons pour les passages encore enneigés. 

 

Ma diagonale fut placée sous le signe des orages puisque absolument tous les jours sans exception, il est tombé de l'eau en plus ou moins grande quantité et plus ou moins violemment, voire de la grêle. C'est une randonnée compliquée où il faut jongler, en temps normal déjà, avec les passages délicats, c'est-à-dire les passages en crête qu'on ne peut pas aborder à n'importe quelle heure, là, il fallait s'assurer toujours d'avoir au-dessus de la tête un pan de ciel bleu assez large afin de sortir de ces endroits scabreux sans risquer de se prendre la foudre (deux accidents déjà cette année), ou que le rocher ne devienne trempé, ce qui complique largement les choses. C'est escarpé, technique souvent, la progression est lente, les pas ne font parfois avancer que d'un ou deux décimètres, il faut souvent mettre les mains et quelques notions d'escalade ne sont pas superflues. On y trouve des rochers et sentiers glissants et malaisés, des torrents en crue ( le 14 juin, une étape était fermée, le sentier se trouvant transformé en torrent impétueux), des gués délicats, des passages équipés de chaînes. Fastidieux. L'attention demandée est constante, il faut constamment lever bien les pieds et les genoux, une seconde dans la lune et on butte, ou on glisse, ou on se tord une cheville. Il faut s'arrêter pour regarder le paysage ou l'heure, que sais-je encore… Donc non seulement il y a une fatigue physique à crapahuter et "varapper" plus que randonner, toute la journée, sur dix à quinze jours, mais vient s'ajouter une fatigue mentale. Rajoutez à cela une interdiction de bivouaquer, autrement dit une obligation de rejoindre un refuge et vous aurez compris que ce ne fut pas toujours simple. 

 

Alors, je ne vais pas mentir, je m'en suis très bien sortie, n'ai que rarement passé une crête dans la brume, jamais sous la flotte, n'ai jamais marché sous l'eau, n'ai jamais eu ne serait-ce que les pieds mouillés. J'ai donc profité au mieux suivant les conditions du moment de cet itinéraire hors du commun. Des vues sur la mer des 2 côtés, des précipices, des aiguilles, des lacs encore à moitié englacés… Mais comment ai-je fait pour ne pas morfler ? Eh bien ce n'est pas compliqué, je me suis levée très tôt tous les jours ( entre 4 h 30 et 5 h) et j'ai bivouaqué. Passant outre l'interdiction, j'ai donc découpé les étapes à ma guise, avec des points "clé" de bivouac possible, où je faisais un petit récapitulatif de la situation (couleur du ciel, suite de l'itinéraire, état physique…) et suivant le résultat, poursuivais ou non. Gros travail d'anticipation, de planification, d'étude de la carte, le tout à combiner avec les points d'eau. J'étais posée entre 11 et 14 heures, avec montage de la tente parfois précipité. Le schéma s'est répété chaque jour : ciel dégagé de 5 à 9 heures, brumes et nuages de 9 à 11 puis orages à partir de 12 à 14 h pour une durée indéterminée. À partir du moment où des nuages blancs se formaient dans le ciel bleu du matin, je savais que je n'avais que 2 à 3 heures devant moi avant la drache, donc trouver de l'eau et un endroit propice pour la nuit. Et tous les matins, faire une pause dès que les conditions s'y prêtent pour faire sécher la tente. Le fait de boycotter les refuges ( j'y reviendrai) m'a d'autre part permis de bénéficier d'une bonne récupération, d'après-midi et de nuits calmes, ce qui est important. 

 

Les refuges donc... Sur réservation préalable c'est 9 euros par tête pour planter sa tente. Sans résa, 18 euros (mais ça, les marcheurs le découvrent en arrivant, ce n'est écrit nulle part sur le site). Tous les refuges ont installé à demeure des dizaines de tentes sur palettes ou plateformes (le terrain n'est jamais plat) donc pas de place confort pour mettre la sienne. Donc il faut louer une des leurs ou alors tu glisses sévère toute la nuit, 15 euros en plus des 18 par tête… ça fait 33 euros pour dormir dans une tente sans abside sur une palette dans le bourbier. Douche chaude parfois mais pas partout. Dans certains refuges, obligation de prendre le repas du soir. Aucun moyen de faire sécher les affaires trempées. ILS SE GAVENT !!! Que les refuges aient un accès routier ou héliporté les tarifs de la petite épicerie restent les mêmes, 6 euros la petite boîte de lentilles… J'ai boycotté. Pas un refuge n'a vu l'ombre d'un seul de mes deniers pour dormir, juste parfois une boîte. Certains se retrouvent pris au dépourvu, pas assez de liquide pour finir, aucun DAB sur le parcours et personne ne prend la CB. (Même certains restos de villages touristiques… pas fous les Corses !). Les randonneurs sont pris en otage, s'entassant, à partir de mi-juin, à plus de 200 autour de chaque refuge, 3 douches, autant de toilettes… Bonjour l'impact écologique, qu'en est-il du traitement des eaux usées. Alors qu'on ne vienne pas me faire ch*** avec mes bivouacs respectueux. Je n'ai pas été contrôlée. De toute façon très rarement visible du sentier, je ne risquais pas grand-chose. La prune se monte à 90 euros, au cas où. J'ai économisé de l'argent, j'ai dormi au calme, j'ai marché au sec et en sécurité, et n'ai parcouru les crêtes que dans de bonnes conditions, me suis permis toutes les variantes possibles et un jour de repos (pluie) uniquement parce que je n'ai pas respecté les règles. J'ai été fort surprise de constater à quel point les randonneurs sont dociles, s'engageant sous l'orage dans des longs passages scabreux en crête rocheuse, parce qu'il FAUT aller au prochain refuge ! Ou d'autres, au bout de leur vie, avec encore 3 heures (ou plus) de crapahut à faire. Bonjour la sécurité. Beaucoup d'éclopés, beaucoup de pieds en mauvais état, beaucoup de genouillères et de strappings, et une flopée d'abandons, de gens qui revendent à Vizzavonne leurs places en refuge. La surfréquentation de cet itinéraire à partir du 10 juin est un réel problème. Certains névés exposés nécessitaient des crampons, je m'en suis procuré d'occasion à Vizzavonne, les ai revendu une fois les étapes concernées terminées, (ils ont peut-être été revendus 3 fois depuis), mais beaucoup n'en avaient pas, inconscients des risques, pour eux, et ceux qui sont en aval. Une procession dans les pentes raides enneigées… Certains, non équipés, prenaient la sage décision d'utiliser la navette routière à 35 euros par tête, mise en place pour contourner l'étape la plus enneigée, sous le Monte Cinto, point culminant de l'île à 2700 m et des brouettes.

 

Tout le monde veut faire cette randonnée mythique donné comme le GR le plus difficile d'Europe, mais beaucoup n'ont pas le niveau technique, pas plus que le niveau physique, et un équipement inadapté ou insuffisant, c'est la fête du slip à tous les étages. Il y aurait un chapitre juste sur ce volet. 

 

J'ai bien profité, je n'ai pas galéré, j'ai été à l'aise physiquement malgré le poids du sac au départ, que j'ai estimé à 17/18 kilos, je me suis même offert le luxe d'un détour par les pozzines de Bastelica et par les 4 superbes variantes (histoire au moins d'être tranquille) qui m'ont permis d'être encore plus toujours sur la ligne de partage des eaux. J'ai eu la sensation, certains jours, de courir d'un point à un autre entre les orages, j'ai géré comme j'ai pu pour ne pas morfler, et j'y suis parvenue. J'ai marché 11 jours, de 5 à 7 heures par jour, et était fort contente de voir le clocher de Calenzana au bout du sentier. Contente d'arriver au bout, fatiguée certes (plutôt moralement à cause des orages), mais en très bon état physique, sans blessure, ni bobo, ni douleur articulaire, ni genouillère, contente de quitter la foule de champions du monde de leur quartier, bruyants, de héros, contente de quitter les contraintes, surtout les incessantes interrogations et prises de décision. 

 

Je ne sais honnêtement pas si je recommanderais à un ami de parcourir ce GR… je ne crois pas. Fin mai, tout début juin peut-être oui, ou octobre. J'ai terminé le 13 juin, jusqu'au 10 c'était tolérable et sympathique, mais les 3 derniers jours étaient bondés, comme si un bateau entier débarquait ses randonneurs à l'Île Rousse chaque matin. 

 

Alors arrivée à Calenzana le mardi 13 juin, à 9 h 30 après ma dernière étape de 15 km sous les roulements de tambour célestes continus, je me suis rendue au Spar acheter des fruits et légumes frais et une boîte de lentilles à 0,99 euros. J'ai mangé, puis j'ai remis 4 jours de nourriture dans mon sac et ai continué à marcher, juste désireuse de quitter cette ambiance GR au plus vite. 

 

Direction Bastia par les hauteurs de la Balagne et du Nebiu. J'ai, sans mentir, croisé péniblement 2 marcheurs par jour, parfois 0, les paysages sont magnifiques, tout était évidemment très vert et fleuri encore. Les 2 premiers jours, j'ai dû m'arrêter à midi, pour cause d'orages encore. J'ai trouvé une fois une loge ouverte et propre avec vue sur les Agriates et le Cap Corse, la mer et la montagne entre autres, et source à 150 m. J'y ai passé tout un après-midi (et une nuit) sans y voir personne (sur un sentier balisé), j'ai retrouvé la montagne humaine, avec des vaches, des villages perchés, des chemins de transhumance empierrés, des sentes oubliées qui se faufilent et serpentent dans le maquis. À mi-chemin entre mer et montagne, j'ai navigué entre 500 et 1500 m d'altitude pour finir en douceur et en beauté, avec du patrimoine et sans pression. Je suis passée au Monte Astu, à 1535 m, d'où la vue sur toute la Balagne et le Nebiu laisse bouche bée, le désert des Agriates, la baie de Saint Florent (où est amarré un gros catamaran, qui, je l'apprendrai plus tard, appartient à Jeff Bezos), le Cap Corse, les plages de Saleccia, de l'Ostriconi et du Loto, l'Île Rousse. Un régal…Et pour mon dernier bivouac, sur la cime de Furtine, vue sur la mer des 2 côtés, Saint Florent à l'Ouest, Bastia à l'Est. Il ne me reste plus qu'à descendre chez Antoine et Lise. Bientôt la fin de mes tribulations corses…

 

Corse, fin de la cavale...

 


Salut,

Je suis arrivée à Bastia à 10 heures du matin. J'ai prévenu Antoine et Lise. Ils se levaient. Antoine m'a dit "Viens". C'est bon ça. Alors j'ai acheté des croissants et ai fait irruption au milieu du petit-déjeuner.

J'ai passé quasi trois jours pleins à Bastia. Antoine et Lise habitent au centre-ville mais viennent d'acquérir un appartement dont toutes les pièces, baies vitrées et terrasses sont à 5 mètres de la mer, à un endroit où la côte est rocheuse à 2 km du plein centre de Bastia, 1 km de mon port d'embarquement, 3 km de la vieille ville. C'est là que j'ai logé pour attendre le bateau. Le logement est un peu en travaux et nous nous sommes vus pas mal, c'était top. Il y a pire pour finir ma cavale corse ! Sur les 3 jours j'en ai tout de même occupé un, le dimanche, à arpenter Bastia. Antoine m'avait dit : "Tu cherches à prendre toutes les plus petites ruelles possible". Entendu. Et j'ai trouvé le vieux Bastia, ville haute et basse, très joli !

Lundi soir j'ai pris le bateau et vu s'éloigner les côtes, puis au matin, approcher les côtes, dans tous les sens du terme, c'était pas les mêmes ! A Toulon, c'était l'enfer. Ciel plombé sans soleil, ciel entre le jaune et le gris, une chape de plomb, qui m'est tombée assez violemment sur les épaules. Je me suis mise à dégouliner avant même d'enfourcher mon Surly. Allez, dans 551 km, je serai chez moi ! C'est pas la mer à boire hein ! Ouais, sauf que, à cause de cette chaleur et de la transpiration abondante, j'ai fait des irritations au niveau de l'entrejambes et des fesses. Déjà que la motivation n'était pas au top et que cette chaleur me coupe les jambes et me prive de toute énergie... Je termine la journée 15 km avant Riez, trouve un bivouac potable, m'y installe, mais mon matelas se vide aussi vite qu'il se gonffle. A force de la réparer à la McGyver, la valve est définitivement morte. Alors je prends mon courage à deux mains, m'enferme dans ma moustiquaire où il fait 30 degrés pour ne pas me faire assaillir par les voraces suceurs de sang, et pendant une heure, nettoie, ôte, triture, colle, couds, découpe, usant morceaux de chambre à air, fil à coudre et colle super forte pour refaire complètement une valve. Mais l'air fuit tout de même et ma nuit n'est pas très bénéfique. Je repars le lendemain à l'aube, bien motivée pour avaler des kilomètres afin de réduire au max le nombre de nuits de bivouac restantes. Mais j'ai du mal à rester sur la selle plus de 200 m d'affilée. Je suis passée à Riez alors que le marché s'installe (ouaich ouaich, moi j'avais moins envie de rire déjà), puis les dessous de pieds, entre les orteils et la voute ont commencé à me brûler tellement que je m'arrête régulièrement pour aérer, ça fait un moment que j'ai ôté les soquettes, ça allait mieux mais... Je finis par atteindre comme je peux le col avant Digne les Bains, en fait dès que ça monte j'ai envie de descendre du vélo et de marcher, tellement mes jambes sont en coton. J'avais prévu de passer par la montagne, Barles et Seynes. Pfff, tu parles, pas d'énergie, zéro plaisir, le derrière en compote. Motivation sous terre. L'alternative est de suivre la Durance. Je la connais cette route, l'ai déjà pratiquée à vélo dans les deux sens, pas d'accôtement, gros traffic y compris camions, parfois bordée de platanes, pas large, bref, à vélo, c'est juste un coupe-gorge, un piège, tu serres les fesses. Pas envie non plus.

Alors j'ai mis le clignotant direction la gare routière pour voir ce qu'il s'y passe, hein, à tout hasard. Le bus Zou, à 8 euros direct pour Grenoble qui accepte les vélos démontés est parti il y a moins de dix minutes ! Pour une fois, pas de chance ! Alors j'attends et monte dans celui qui va à Sisteron, y attends 2 heures un train trop cher (11 euros) qui va à Veynes, attends 2 heures encore un autre train trop cher (22 euros) qui va à Grenoble où je débarque à 20 h 20 (magnifique ligne qui passe entre le Dévoluy et le Vercors...). Heureusement entre temps ma cops Marie-Christine a répondu présente et vient même me cueillir à la gare. C'est bon ça !

Le lendemain, un train trop cher toujours (31.5 euros, faut que j'arrête, à chaque fois c'est 10 balles de plus) me pose à Genève en début d'aprem et je vais chez Marieke. Oui, j'aurais pu remonter dans la foulée mais c'était l'occasion d'aller la voir. Et ça aussi c'est bon !  Pour terminer, le lendemain, j'ai tout de même pédalé 25 km pour aller jusqu'à Nyon d'où j'ai encore pris le train, au tarif suisse (mouarf) pour m'éviter la montée de la Givrine, jusqu'à la Cure, à 10 km de chez moi. Et puis elle est très jolie cette ligne que je n'avais jamais prise et certes c'est pas donné mais j'étais très contente d'admirer les bordel de trop beaux paysages jurassiens à faible vitesse, sans forcer ni rien avoir à faire d'autre que de me laisser porter. Et là, là, à La Cure, il a fallu remettre les manches longues, la bise est modérée mais le fond de l'air est frais, ça fait du bien même si je l'ai de face. 25 minutes plus tard, j'arrivais chez moi. L'herbe et les orties font un mètre de haut, il y a du pain sur la planche, je replonge aussi sec dans la réalité, la cavale est terminée ! J'arrive juste pour les foins !

Alors, je pense avoir fait une belle découverte du territoire corse. De 0 à 2610 mètres (j'aurais peut-être dû monter au Cinto, j'étais si près, mais les menaces orageuses...). J'ai sillonné pas mal, à vélo, à pied, à une saison où les masses ne sont pas encore là et où le maquis et même les déserts sont fleuris. Litoral superbe, montagnes moyennes et plus hautes, sud, nord, est et ouest, de la caillasse aride et glabre au maquis impénétrable en passant par les chataigneraies, les forêts de pins Laricio ou de chênes, je me suis franchement régalée de la diversité des paysages. Pour une vraie découverte culturelle, humaine... , il faudrait y retourner. Certes je suis passée à la vitesse de l'escargot dans les villages et ai eu l'occasion maintes fois de taper la discute avec les habitants, mais ils sont souvent français à la base. De vrais Corses j'ai assez peu eu l'occasion de côtoyer, donc j'ai appris et vu des choses mais cela est resté relativement superficiel. Est-il d'ailleurs possible, en étant pinezout et seulement de passage, de rentrer dans les confidences, je n'en suis pas persuadée, l'omerta n'est pas un vain mot. J'ai vu des gens souriants, honnêtes, bref, un plaisir. Et puis une chose importante : en Corse, toutes les maisons sont toujours ouvertes, les bagnoles sur les parkings des supermarchés souvent aussi. Est ce que c'est parce que c'est une île, et qu'il est donc plus difficile de traffiquer ? Pas que ! Et pour moi, ne pas craindre le vol de ma monture et de mes affaires quand je pose le vélo pour une raison x ou y, c'est vraiment un confort, un luxe même ! J'ai fait de belles rencontres, notamment Sylvie, Antoine et Lise à Bastia, Brice à Ajaccio, Fanny et Jérome à Piana, Lysiane à côté de Porto-Vecchio, Delphine à Santa Lucia Di Mercurio et d'autres, plus éphémères mais qui ont néanmoins facilité et enjolivé mon séjour, les gens qui ont gardé mon vélo ou qui m'ont prise en stop... Je remercie en plus ceux que je connaissais déjà : Marie Christine, Nadia et Alexandre, Marieke et qui m'ont accueillie à l'aller et/ou au retour.

Voilà, je vais stopper là. Dans la rubrique "carte" de ce site, tu peux trouver un récap de mon parcours sur l'île, avec en bleu la rando, en rouge le vélo et en noir le train. Et dans la rubrique "photos", de quoi voyager un moment sans bouger de ta chaise !